Voilà la boucle est bouclée :
- 17 novembre 2013, Ironman Arizona, 9h21mn18s.
- 5 juin 2016, Ironman Nice, 9h15mn28s.
- 28 août 2016, Ironman Vichy, 9h10mn37s « en off ».
- 2 octobre 2016, Ironman Barcelone, 8h57mn05s.
A ce rythme là ça aurait pu continuer à descendre me direz-vous… oui… mais non ! La vérité c’est que je finis sur une très bonne note, probablement avec 4 mois au mieux de ce que je pouvais faire sur (très) longue distance avec l’énergie et le temps que je peux y consacrer sans oublier de faire mon travail et de profiter de ma famille.
Ce « sub 9 » à Barcelone est l’aboutissement d’un processus amusant : en Arizona je faisais un Ironman (mais « juste un ») pour voir, j’avais à l’époque plus de temps pour m’entraîner et j’étais sûrement aussi fort que cette année (surtout à pieds) mais j’ai commis des erreurs de débutant sur la distance. Le sub 9 aurait déjà pu être réalisé dès 2013 mais le marathon en 3h25 avec une « longue excursion » aux toilettes avait eu raison d’une entrée en matière qui aurait pu être parfaite. Cela m’avait du coup laissé un arrière goût amer : fier d’avoir fini mon 1er IM mais avec ce sentiment de « j’aurais pu faire mieux » assez présent. J’ai ensuite bien tenté de m’en tenir à mon idée qu’il n’y aurait plus d’autres Ironman, mais j’ai éprouvé l’hiver dernier un fort besoin d’aller « valider » ce sub 9 qui me manquait avant d’arrêter. Voilà comment je m’étais lancé le défi de faire Vichy (parcours rapide par excellence) deux mois avant le championnat du monde Xterra auquel je pensais prendre part. Caro est ensuite tombée enceinte avec un terme de grossesse prévu pour le 17 novembre, Hawaï fin octobre me parut vite un peu risqué, c’est là que le calendrier a définitivement pris une autre tournure : tant qu’à prendre une licence Ironman ajouter Nice prenait tout son sens d’autant que plusieurs de mes collègues chez Look y participaient !
Nice : course parfaite, 9h15 c’est juste mon niveau dans un très bon jour sur ce parcours difficile.
Vichy : euh… je ne reviens pas dessus mais j’étais au pic de forme que j’avais prévu pour réaliser l’objectif… des éléments extérieurs indépendants de ma volonté en décideront autrement, n’en parlons plus.
Barcelone : après une nuit blanche post-course à Vichy (les grandes injustices et le sommeil ne semblent pas faire bon ménage), nous avons discuté pas mal sur le retour avec Caro. J’en avais forcément très gros sur la patate et ça m’a tenu un moment, je pense même que j’ai été bien lourdo quelques jours, heureusement que je partais pour Eurobike en Allemagne 36h après avoir franchi la ligne, ça a fait des vacances de Mr Grincheux à Caro et Emmy 😉 . Je ne me voyais pas refaire un Ironman, encore moins en Europe le dernier étant 5 semaines après Vichy à Barcelone ce qui me semblait inhumain, mais en même temps toutes les autres options (Arizona, Mexique ou Australie) n’étaient pas envisageables par rapport à la naissance de notre fils. Au final entre un enchaînement Vichy-Barcelone inhumain, renoncer à mon objectif/rêve pour de bon (car je sais qu’il ne me sera pas possible de relancer une prépa pour un Ironman en 2017) ou ne pas pouvoir accorder 100% de mon attention à ma femme et mes enfants au moment de l’arrivée de notre petit garçon car une course est prévue je ne sais où en novembre ou décembre, il n’y eut qu’une seule bonne réponse : rendre l’impossible et débile possible !
29 août, 14h30, me voilà donc inscrit pour Barcelone. Une fois la bêtise faite la question du comment je vais faire pour le préparer avec cinq semaines entre les deux courses commence à se poser. Se pose aussi la question du quand je vais faire la chambre du petit que j’avais remis à plus tard pour préparer Vichy… La réponse à ces deux questions fut un grand « je n’en sais rien mais on va faire au mieux » 😉 !
Du coté de l’entraînement après 11 jours avec trois fois rien, je reprends le vendredi 7 septembre pour 17 jours d’entraînement. J’ai vite compris et accepté l’idée que je ne pourrai pas être au même niveau de charge d’entraînement que pour Nice et Vichy. Reprise moins de deux semaines après Vichy donc, beaucoup de doutes sur une phase de récupération si courte mais à ma grande surprise la préparation va super bien se passer pendant dix jours, avec comme avant Nice et Vichy une sortie longue vélo de 6h à J-16 et une sortie longue à pieds de 2h30 à J-14. Les intensités passent bien aussi. Bref, plutôt confiant jusqu’à la sortie à pieds un peu plus rythmée à J-11, un bloc de 45mn à 3mn54s/km qui physiquement ne pose pas de problème mais avec une douleur dans le pieds gauche qui monte crescendo sans pour autant m’obliger à m’arrêter… sauf qu’une heure après la séance j’ai du mal à poser le pieds par terre ! Voilà ce qu’on appelle un « couac »… et c’est reparti comme avant Nice (pour le bras droit à Nice, cette fois pour le pieds gauche) en mission commando pour être en mesure de prendre le départ : kiné, ostéo, electro-stimulation, massage, patchs Lifewave, tout y passe et finalement après avoir continué à m’entraîner en vélo et en nat j’arrive à recourir 15mn sans douleur sur bitume à J-2 de la course, pas 100% serein mais je sais que la saison est finie après ce troisième Ironman donc le leitmotiv est tout trouvé « ça passe ou ça casse mais même si ça casse j’irai au bout » !
Je ne m’éternise pas sur la partie prépa car j’ai dans les tuyaux un article spécifique traitant de ma préparation pour ces trois Ironman et des petites astuces que j’ai trouvées pour que les trois soient dans l’ensemble réussis.
Week-end de course
Je commence par l’extra sportif, après être allé à Nice avec ma maman : super week-end, à Vichy avec Caro et Emmy : super week-end (même si ça ne s’est pas bien terminé…), me voilà parti à Barcelone avec mon ami Arnaud : encore un super week-end ! Trois expériences différentes mais vraiment trois supers souvenirs, je n’en échangerais vraiment aucun des trois 🙂 .
Le déplacement commence le jeudi en début d’après-midi, Arnaud bien à l’heure et comme d’hab moi un peu à la bourre dans les préparatifs… on ne se refait pas ! Le plan c’est de descendre jusqu’à Perpignan le jeudi soir, de faire du sport sur Perpignan tôt le vendredi matin et de finir la route pour Calella dans la foulée pour récupérer les clés de l’appartement avant 13h30. Tout se passera comme prévu, le plus dur étant de faire rentrer tous les bagages et le vélo pour la nuit dans la chambre de l’hotel Première Classe (petit budget… très petite chambre…), on ne risquait pas de nous braquer, ce n’était plus possible d’ouvrir la porte 😉 !
Une fois sur place je n’ai plus de sport à faire puisque du vendredi midi au départ le dimanche matin j’ai planifié du repos comme pour Nice et Vichy. Le briefing « pros » obligatoire a lieu le vendredi à 16h, Paul Huddle (un des managers d’Ironman) est en charge du briefing et revient sur le « merdier » de Vichy donc cette fois tout est très clair pour la partie natation et le reste aussi d’ailleurs. A ma grande surprise la Méditerranée est pour l’instant à 22,9° et la natation se fera donc probablement sans combi pour les pros (Ironman et l’Itu sont en phase là desssus : pour les distances supérieures à 1500m de natation les pros peuvent nager en combi néoprène jusqu’à 21,9°, les amateurs jusqu’à 24,5°) ! Après l’histoire de la swimskin à Vichy j’ai complètement égaré la mienne, je suis donc venu sans… alors que je risque d’en avoir besoin, un comble ! Si la température de l’eau ne descend pas d’ici dimanche matin ça sera donc en tri-fonction pour moi, 6-7mn de perdues dans l’eau (par rapport à la même nat en combi néoprène) mais il faut voir le bon coté des choses du temps de gagné en transition et au moins vraiment aucun risque qu’on ne me reproche quoi que ce soit… l’épisode précédent m’a rendu paranoïaque 😉 !
Je vous passe l’épisode préparatifs, j’ai un vélo de rêve, les sacs sont prêts, à force je commence à être bien rodé…
Pendant qu’Arnaud continue de goûter tous les restos, toutes les charcuteries, toutes les boulangeries et même le Burger King du coin, je m’en tiens au classique riz basmati blanc jusqu’au dernier repas.
Automne oblige le départ n’est pas à 6h30 ou 6h45 comme sur les autres Ironman mais à 8h10, possible donc de décaler un peu le réveil. Il a plu la nuit avant la course, assez pour faire tomber la température de l’eau d’un degré ? Nous arrivons bien en avance mais une fois le gros des préparatifs effectué il faut attendre l’annonce des arbitres 1h avant le départ concernant la natation. Verdict à 7h10 : eau à 22,2° donc pas de combi pour les pros. Moi ce que j’en dis c’est qu’il faudra faire avec mais qu’on va se geler avec la température extérieure à 15-16° et 22,2° dans l’eau !
Echauffement dans l’eau ou pas… j’hésite, j’ai peur du choc thermique en entrant dans l’eau direct en course si je n’y suis pas allé avant mais si j’y vais j’ai peur de trembler non-stop entre la sortie de l’eau obligatoire à 8h et le départ à 8h10. A 7h46 je finis par me mettre à l’eau et je me sens un peu seul, que des combis autour, première fois que je regrette d’être pro !
A 7h57 je sors de l’eau, j’ai déjà froid, Arnaud est là donc j’enfile pendant 2mn ma veste mais il est déjà temps de lui redonner et d’aller se mettre derrière la ligne !
Deux minutes avant le départ, ça caille et là le gag… coupure d’électricité, plus de son et surtout l’arche de départ qui se dégonfle et commence à tomber juste derrière nous. Tous les départs sont alors décalés de 5mn, une anecdote sauf que ça fait encore 5mn de plus à attendre mouillé en tri-fonction et avec une température ma foi matinale !
Le départ finit par être donné, nous sommes précisément 65 pros hommes à prendre le départ ce qui est un gros plateau pour une course Ironman (plus qu’à Nice et Vichy). Les pros femmes partiront 2mn après puis tous les groupe d’âge en combi 10mn après. Je me place comme toujours à l’arrière et pendant environ 2000m je fais mon truc plutôt bien, à part quelques frayeurs avec des méduses que j’effleure d’un peu trop près je suis plutôt content de ma nat ! Entre 2000 et 3000m une transition s’opère, le froid finit par me pénétrer et même si j’ai l’impression de continuer à nager pareil je pense que l’allure se réduit assez nettement, je me fais doubler par du monde en combi ce qui signifie que beaucoup d’amateurs m’auront repris plus de 10mn. A 3000m je me souviens de la bouée jaune indiquant cette marque mais pour le reste c’est le trou noir, je ne me souviens plus de grand chose, je suis vaguement les athlètes qui me doublent mais je vois trouble, le froid a gagné cette bataille, espérons qu’il ne gagnera pas la guerre !
Je sors de l’eau en 1h08mn et rejoins péniblement mon sac dans la tente de transition, problème je ne sens plus mes mains, ni le reste d’ailleurs, je fais donc une transition hyper longue (plus de 4mn), ça commence quand même plutôt mal !
Je finis tant bien que mal par monter sur mon vélo mais ne me demandez pas de vous raconter le début, j’ai un trou noir sur les 40 premières minutes, la suite du trou noir de la nat. Je sais juste que j’ai essayé de me caler à la puissance prévue mais très compliquée au début car trop froid et je me souviens avoir arrêté de claquer des dents à 23mn, pour le reste ???
Je retrouve mes esprits dans l’unique montée (enfin faux plat montant) du parcours qui intervient au bout de 25km environ, on sort du bord de mer pour rentrer un peu dans les terres sur une moitié d’autoroute puis demi-tour pour revenir bord de mer. Rien de passionnant mais ça a le mérite de me réchauffer, rien que pour ça je suis reconnaissant envers les organisateurs pour avoir inclus cette portion ! Après je me souviens avoir roulé un bon moment avec un athlète autrichien (dossard 174) jusqu’à ce que l’on se fasse avaler par un groupe de 7-8 sur le retour du premier tour au 65ème kilomètre. Le reste du vélo se fera avec ce groupe, en faisant mon max pour rouler dans les règles et en passant parfois du temps à l’avant comme dans la montée du deuxième tour pour maintenir l’allure du groupe et surtout éviter de me retrouver dans des situations douteuses vis à vis du drafting. Comme souvent la majorité respecte les règles (dont les français Romain Garcin et Vincent Fromont très costauds… surtout Romain !) mais il y a toujours un mec ou deux qui pensent être sur une cyclosportive et qui s’intercalent quand vous laissez bien 12m avec l’athlète de devant, etc. Bref il faut rester concentré et espérer que les athlètes pas réglos seront sanctionnés, ce qui arrivera pour ma plus grande joie dans le second tour 🙂 . Au niveau puissance je suis exactement comme sur les autres Ironman pour la moyenne avec simplement un peu plus d’irrégularité liée au groupe. Ca donne un temps de 4h33mn qui est meilleur que ce que j’aurais fait seul (il ne faut pas se raconter d’histoire, même en respectant les règles le groupe aide et on économise de l’énergie) et sûrement équivalent au 4h37mn dont je pensais être capable à Vichy si je n’avais pas fait n’importe quoi car trop énervé. Autre détail qui a son importance, le parcours à Barcelone fait entre 176 et 177km et non pas le théorique 180km.
Tout ceci étant dit le chrono de 4h33mn me remet dans la course au sub9 puisqu’après une bonne seconde transition j’entame le marathon à 5h49, je me donne donc 3h10 pour objectif, pas besoin que ça soit moins, juste de quoi rentrer sous les 9h. A noter que le marathon fait bien 42,1 à 42,2km donc contrairement au vélo il ne faudra pas compter sur un kilomètre « oublié » pour battre la montre…
Je me suis déjà prouvé que je pouvais courir assez vite un marathon d’Ironman dans un bon jour (Nice), de manière plutôt solide même quand la motivation manquait (Vichy) donc je me pense encore capable de ne pas exploser ici. J’avais tablé dans la stratégie scientifiquement étudiée en voiture avec Arnaud le jeudi (rires…) sur les dix premiers kilomètres à une moyenne de 4mn15s/km pour profiter des bonnes sensations du début de marathon (qui ne durent jamais) et ainsi prendre un peu d’avance sur l’objectif. Cela va se passer exactement comme prévu même si je sens bien que je n’ai plus la fraîcheur de Nice, ensuite 4mn25s/km pendant dix kilomètres là encore ça passe, c’est ensuite que la chute va être un peu brutale, tout se paye et l’enchaînement de trois Ironman donnent une addition au ressenti salé. Ca ne m’arrête pas mais le combat contre la douleur commence un peu tôt et le plaisir n’est plus franchement de la partie. Je m’accroche juste à l’objectif, kilomètre après kilomètre. Je connais un gros passage à vide entre le 26ème et le 29ème kilomètre, je décide de m’accorder une longue période de marche sur un ravito et cela va vraiment m’aider à repartir ensuite. Passé le 31ème kilomètre je dis à Arnaud « si mes calculs sont bons les 10-11 derniers kilomètres à 4mn50s/km et ça va passer »… plus facile à dire qu’à faire mais je vais le faire avec une énergie venue d’ailleurs et des ressources qu’on ne s’imagine pas avoir tant que l’on est pas confronté à la situation. De savoir que c’est le dernier et donc ma dernière chance de passer sous les 9h ça m’a fait tenir debout là où d’autres fois je me serais peut-être couché. Ma chance c’est qu’une fois de plus ma stratégie a été irréprochable et pour la troisième fois en quatre mois je passe un Ironman sans souci gastrique (ça vaut de l’or croyez moi !) et sans réelle défaillance. Dans le dernier kilomètre je sprinte quand même, enfin j’ai l’impression de sprinter… juste pour être sûr ! Il s’avère qu’il y a de la marge, 2mn55s de marge pour être précis puisque le chrono affiche 8h57mn05s à l’arrivée.
Avant de conclure, je pense quand même qu’il faut que vous voyez les quatres passages vers la ligne d’arrivée du marathon : le premier à 1,6km plutôt bien, le second à 15,1km ça va encore, le troisième à 28,6km pendant le gros passage à vide (ça se voit je pense…), enfin le dernier au début du 42ème kilomètre je vous assure que j’ai l’impression de sprinter !!!
Difficile de conclure car conclure cet article c’est aussi conclure une jolie petite page de ma vie, les Ironman sont des expériences sportives uniques, un peu comme ont pu l’être mes deux Cape Epic. Annoncer en début de saison que je partais pour un marathon d’Ironman en moins de 3h et un Ironman en moins de 9h c’était ambitieux (certains diront prétentieux) et avoir réussi les deux malgré les embûches c’est un sentiment magique.
J’avais dit que Barcelone serait le bon (pour passer sous les 9h) OU celui de trop (blessure, fatigue, etc.) il s’est avéré être le bon ET celui de trop car j’ai souffert toute la journée et le plaisir a du coup été moindre. Qu’importe, trois semaines après cette course j’en ai déjà oublié le déroulement et je ne me souviens plus que de deux choses : l’arrivée avec un temps commençant par un 8 et le super week-end passé avec Arnaud. La douleur pendant la course s’est envolée, je ne suis même pas blessé et mon pieds va mieux, comme quoi !
Ah oui j’oubliais presque, pour les analystes et par souci de transparence (pour pas qu’on me dise que je n’ai pas mis un coup de pédale en vélo… même puissance qu’à Nice et Vichy 😉 ) : courbe vélo, courbe cap, résultats complets.
Et puis aussi l’album photos.
Classements : 25ème pro hommes, 35ème scratch (sur 2348 classés)… mais un peu dur de regarder le scratch quand les pros et les amateurs n’ont pas la même tenue en nat… enfin peu importe, toute façon seul le chrono m’intéressait ! A noter que la première femme pro m’a battu… respect !
Et je me dois de finir par la vidéo d’Arnaud pour le final de la course, car les émotions sont encore plus belles quand elles sont partagées et clairement elles l’ont été… pas vrai Arnaud ? 🙂
Encore merci à tous et à toutes pour vos encouragements, notamment aux proches et moins proches qui m’ont remotivés après Vichy et m’ont permis de vivre ça !